Les 7 et 8 avril dernier, la rectrice de l’académie de Dijon, madame Albert-Moretti a largement communiqué dans la presse locale un bilan très flatteur de l’enseignement à distance déployé dans nos départements.
Selon ses chiffres, le décrochage serait faible dans notre académie et ne concernerait qu’un peu plus de 2 % des élèves (2,7 % dans le 1er degré, 1,5 % en collège, 0,6 % en lycée général et technologique et 6,5 % en lycée professionnel). Ces statistiques font bondir tous les enseignant·es tellement elles sont éloignées de ce qu’elles·ils constatent chaque jour.
Qu’on se s’y trompe pas, ce décompte ne concerne pas le nombre d’élèves toujours en activité scolaire en cette période difficile : Le rectorat parle ici des élèves avec qui l’institution est parvenue à garder un contact. Il suffit d’avoir répondu à un coup de téléphone ou un email de la part de son établissement, pour ne plus être considéré comme « perdu ».
Madame la rectrice suit le modèle de son ministre : peu importe la réalité, l’essentiel est de communiquer de bons résultats. Elle y va même de sa petite anecdote sur les outils numériques qui auraient réconcilié certains élèves avec l’école (sans citer de chiffres bien sur), espérant faire oublier tous ceux qui s’en sont trouvés éloignés par la fracture numérique.
Comment peut-on se satisfaire de cela et en faire un argument de communication, si ce n’est pour dissimuler la faiblesse de sa politique éducative et sanitaire ?
Puisqu’il faudra bien tirer des enseignements de cette crise sanitaire, les parents, les enfants et les personnels sont en droit que l’on regarde les choses en face, que l’on aborde les vrais problèmes, avec de vraies statistiques, au lieu de se contenter de fables et chiffres établis au « doigt mouillé ».